Photos anciennes d'autrefois, des photographies d'époque en noir et blanc.
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Photos d'autrefois en noir et blanc


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Félix Arnaudin était un poète et photographe français 


Simon Arnaudin, dit Félix Arnaudin, né le 30 mai 1844 à Labouheyre Landes mort le 6 décembre 1921, dans la même ville, est un poète et photographe français spécialiste de la Haute-Lande.


1 - Voir



Félix Arnaudin est le premier à observer la Haute-Lande en autochtone. On peut dire de lui qu'il est à la fois linguiste, folkloriste, historien, ethnologue, photographe et écrivain. Il s'illustre ainsi dans l'étude des traditions populaires de ce pays des Landes de Gascogne1, alors en pleine mutation économique et sociale. Son travail porte sur le recueil de contes et chants en gascon, sur la photographie de paysages, habitats, bergers et paysans landais. Il consacre ainsi sa vie à sauver cet héritage de l'oubli.
Sa maison natale est devenue la Maison de la photographie des Landes, lieu d'expositions photographiques géré par la commune de Labouheyre.
Félix Arnaudin est originaire de ce qui est aujourd’hui le massif forestier des Landes de Gascogne mais qui, à son époque, était une mosaïque de forêts (chênes ou pins résinés), de champs et de lande rase, terrains de parcours de quelque 650 000 ovins que comptait alors le département. Ce pays vivait alors d’un mode de production pastoral, dont l’équilibre allait être rompu, en ce milieu du XIXe siècle, au profit de la sylviculture. La date symbolique de cette révolution est la loi du 19 juin 1857 sur la mise en valeur des Landes de Gascogne, qui incite les communes à vendre ou à ensemencer les terrains communaux, condamnant à terme le système agro-pastoral.
Il est issu d'une famille de petits propriétaires terriens fixée à Labouheyre, dans le quartier de Monge. Sa formation au collège de Mont-de-Marsan constitue les fondements d'une érudition précieuse à son œuvre. Diplômé, de retour à Labouheyre, il ne trouve dans son milieu aucun emploi en relation avec son niveau et ses aspirations. Vivant du revenu de quelques métairies, Félix Arnaudin n’occupe durablement aucun emploi. À l’âge de trente ans, célibataire, il décide de se consacrer entièrement à sa passion : témoigner de la culture pastorale de la Haute Lande, que les changements économiques font disparaître inexorablement. Passant pour un original auprès de ses concitoyens, il est surnommé Lou Pèc (le fou, en gascon).
Porté par l'amour de son pays, il adopte dans le même temps une démarche rationnelle et scientifique pour ses recherches. Il parcourt la Haute Lande de part en part, souvent à bicyclette, pour interroger les habitants, à l'aide de questionnaires prééablis. Il met la même application et rigueur dans la réalisation de fiches d'enquêtes et de répertoires photographiques.
Il réalise en pionnier une description par la photographie de la Haute Lande et de ses aspects remarquables. Le résultat est une œuvre unique par son ampleur (2700 plaques de verre, conservées au musée d'Aquitaine de Bordeaux) et sa diversité, à travers laquelle il se révèle comme un grand opérateur artistique et un observateur rigoureux.
Il s'attache principalement à collecter l'ensemble du fond culturel de la « lande landaise » par le recueil de contes, proverbes, chants, mots de la langue gasconne, notes sur l'histoire, l'archéologie et l'écologie de ce territoire. Il réussit à publier de son vivant quelques fragments de ce travail de collecte2,3 sous la forme de trois publications à faible tirage :
Contes Populaires (1887)
Chants Populaires (1912)
Choses de l’Ancienne Grande-Lande, série imprimée peu avant sa mort.
Ces recueils ne sont que la modeste concrétisation d’une entreprise titanesque dont témoignent plusieurs dizaines de milliers de feuillets manuscrits et de nombreuses photographies : paysages, bâtiments et villages anciens, scènes de la vie rurale, portraits.
Le 30 janvier 1921, quelques mois avant sa mort, il écrit :
« Dans ma pauvre vie de rêveur sauvage, toutefois anxieux de notre passé local, je n'ai guère reçu d'encouragements ; l'indifférence et les railleries, un peu de tous côtés, en ont volontiers pris la place ».
Œuvre photographique
L’œuvre de Félix Arnaudin est une protestation contre le progrès. D'où vient cette protestation ? De la Loi relative à l'assainissement et de mise en culture des Landes de Gascogne de 1857, qui fait se multiplier à l'infini les plantations de pins industriels dans le territoire des Landes (département), de la Grande-Lande: la lana gràn en gascon, chère à Félix Arnaudin.
Il photographie tout ce qui évoque les temps anciens, révolus, qu'il s'agisse des vieux chemins, des vieilles maisons, des quartiers disparus, des bâtiments en ruines (« attendre que les tuiles aient vieilli... » dira-t-il) ou des traces de passés plus lointains comme les buttes médiévales ou les voies romaines. Félix Arnaudin ne photographie pas ce qui perdure4.
Pour délimiter le territoire de ses photographies, il procède par approches concentriques, mais demeure toutefois dans la partie centrale de la Grande Lande, autour de Labouheyre. Le territoire le plus vaste est d'environ soixante-dix kilomètres autour de Labouheyre, c'est celui dont il photographie les églises des communes et paroisses. Un second territoire, d'un rayon plus modeste d'environ cinquante kilomètres autour de Labouheyre est celui où il photographie les quartiers, où se tient l'habitat permanent, dont l'airial est le centre et le moulin la périphérie. Et enfin, un troisième territoire plus restreint, d'une quinzaine de kilomètres autour de Labouheyre, où il réalise ses séries illustrant les travaux et les jours, son secteur de prédilection.
L’œuvre photographique de Félix Arnaudin, en ce qui concerne la thématique, se divise en quatre parties : les paysages de lande et de pignada (voir Forêt des Landes), la vie pastorale et les activités agraires pour 50 %, l'habitat et l'architecture rurale pour 25 %, les portraits de personnages, de groupes pour 12,5 % et les pièces d'archives pour également 12,5 %. On est donc loin d'une vision exhaustive de l'habitat de la Grande-Lande. En effet, avec ces 500 photographies d'habitats, Félix Arnaudin n'a guère photographié plus de 5 à 10 % de l'architecture Grand-landaise.
Ce n'est pas la beauté d'un bâtiment qui guide ses choix, il semble plus attiré par les maisons modestes que par des architectures plus spectaculaires. Son propos n'est pas de réaliser une analyse de l'architecture, mais plutôt de fixer le cadre de vie des habitants de la Grande-Lande. En effet, pour restituer le cadre de vie dans son ensemble, il photographie le Patrimoine bâti en plans rapprochés, mais jamais en gros plans, avec des détails. En ce qui concerne le Patrimoine bâti, mise à part l'architecture religieuse, il ne subsiste guère plus aujourd'hui que 2 à 3 % des édifices dont Félix Arnaudin a réalisé les photographies5. Il dira dans les Chants populaires de la Grande-Lande :
« (…) Maintenant la lande n'existe plus. Au désert magnifique, enchantement des aïeux, déroulant sous le désert du ciel sa nudité des premiers âges, à l'étendue plane, sans limites, où l’œil avait le perpétuel éblouissement du vide, où l'âme, élargie, enivrée, tantôt débordait de joies neuves et enfantines, tantôt s'abîmait dans d'ineffables et si chères tristesses, a succédé la forêt, -la forêt industrielle ! Avec toutes ses laideurs (…) dont l'étouffant rideau, partout étendu où régnait tant de sereine et radieuse clarté, borne implacablement la vue, hébète la pensée, en abolit tout essor»6.
Paysages
Le paysage landais forme le cœur de l'œuvre iconographique de Félix Arnaudin. Profondément attaché à cette terre et à sa culture traditionnelle qu’il voit disparaître, ce dernier décide de l’inventorier grâce à la photographie.
Situé dans le sud-ouest de l'Aquitaine, et baigné par l'Océan Atlantique, le département des Landes bénéficie d'un immense patrimoine naturel. Grâce à son climat tempéré et humide, ce pays possède la plus grande forêt artificielle d'Europe.
À la naissance de Félix Arnaudin, les landes étaient une immense province marécageuse. La Lande est souvent décrite par les voyageurs comme étant un vaste plateau, naturel et peu peuplé. La loi de 1857, Loi relative à l'assainissement et de mise en culture des Landes de Gascogne, avec des pins maritimes, pousse Félix Arnaudin à réaliser des photographies pour représenter le pays avant qu'il ne soit définitivement transformé par l'industrie sylvicole. Le paysage landais change brutalement, le progrès menace les espaces habités traditionnels.
Pour lutter contre cet inévitable bouleversement et conserver le souvenir des sites de son enfance, Félix Arnaudin se met en quête des paysages typiquement landais. Il s'intéresse aussi bien aux marais, aux lagunes, aux étangs et lacs, qu'aux prairies, aux champs, à la forêt de pins, aux vieux chênes. Certaines curiosités retiennent son attention comme les sentiers, les vestiges de mottes féodales, les ponts, etc. Tous ces éléments forment les sujets de son étude.
Lagunes
La lagune est un élément constitutif du paysage landais. Elle est à la fois, une frontière et un lien dans l'articulation du paysage. Quel que soit le paysage, la lagune y met fin, mais l'étend aussi, avec son reflet dans l'eau. Une photographie de paysage ne peut être qu'unique. En effet, si l'on photographie un paysage plusieurs fois, mais à des périodes différentes, le lieu peut devenir méconnaissable. Le temps, les couleurs, les saisons, l'ambiance changent et modifient L'atmosphère, la perception du paysage, le rendant unique.
Champs
Les landais vivent de l'agriculture, ce qui explique cette profusion de champs. Mais la terre est pauvre, ils doivent la nourrir de fumier pour la rendre fertile. On retrouve les champs dans les photographies de Félix Arnaudin, il les immortalise, nus, vides, mais pourtant ces champs sont loin d'être dénués de vie. Ils sont travaillés par les paysans et peuplés par leurs troupeaux. En les photographiant ainsi, Arnaudin tente de créer un immense espace, infini, où l'on ne perçoit que le ciel et la terre, coupés par une ligne d'horizon.
Mottes
Les mottes landaises sont artificielles, réalisées par la main de l'homme ; ce sont, soit des fortifications, soit des églises ou des moulins. Mais, bien qu’artificielles, elles appartiennent à une époque préindustrielle, naturelle et sont aujourd'hui intégrées au paysage landais. Ces mottes sont des témoins d'un passé, de l’Histoire. Ces anciennes constructions, aujourd'hui, ne sont plus que de la terre, couvertes par la végétation. Considérées comme gênantes pour l’aménagement et le remembrement de la terre, ou pour le développement agricole ou industriel des Landes, certaines mottes sont arasées et détruites. Félix Arnaudin photographie non seulement le paysage, mais aussi le passé de la Grande-Lande.
Pinèdes
Reproduction numérique de la photographie de Félix Arnaudin réalisée le 3 octobre 1898 présentant la pinède landaise
Les forêts de pins évoquent nostalgie et controverse à Félix Arnaudin, avec leurs implantations massives. Mais elles font tout de même l'objet de ses prises de vues. Il capture, soit la forêt de pins pour elle-même, soit la mélange avec d'autres paysages tels que les champs, les étangs, les lagunes... Ce sont des clichés plus complexes, de part les lignes de lecture qu'ils offrent. En effet, en plus de la ligne d'horizon, les lignes de troncs et les lignes de feuillages viennent rythmer la photographie. La composition s'inverse, elle passe d'horizontale avec la seule présence des champs, à une composition verticale avec les forêts de pins.
Félix Arnaudin immortalise toutes les facettes des landes avec ses clichés, et plus particulièrement le paysage. Il transmet sa vision de son pays d'origine, provenant de sa mémoire d'enfance.

Airial et patrimoine domestique
L’œuvre d'Arnaudin embrasse aussi le champ de l'architecture vernaculaire. Près de 500 photographies traitent ainsi plus ou moins exclusivement cette thématique. L'emprise de ce travail balaie un rayon de 25 km autour de Labouheyre. Bien qu'inégal et éclectique, ce corpus met en lumière une importante partie du patrimoine bâti de la Grande-Lande et du Born7.
Néanmoins, ces clichés occupent une place à part dans l’œuvre du photographe. Il s'agit en effet pour ce dernier de parvenir à réaliser une somme documentaire capable d'explorer toutes les structures architecturales de l'airial. Elle bannit l'idéalisation au profit du témoignage, sans toutefois rompre avec les cadrages patiemment étudiés qui magnifient l'immensité du paysage.
Sans succomber à l'exhaustivité, Arnaudin s'attache à photographier en premier lieu les demeures qui lui sont familières. Son approche induit un choix. Il dresse un inventaire fragmenté et subjectif du patrimoine bâti qui l'entoure. Excepté le recensement quasiment abouti des métairies de Labouheyre, de Lüe, Trensacq ou encore de Commensacq, ce travail ne prétend pas embrasser toutes les typologies architecturales landaises.
« On trouve de tout », déclare François Moniot, ancien conservateur du musée d'Aquitaine : « Des maisons à double cheminées développées en longueur selon l'axe du faîtage, couvertes par deux versants. [...] Mais le type le plus fréquemment représenté chez Arnaudin est celui de la maison à façade sur mur pignon avec toiture à trois versants, avec ou sans auvent, abritant en général deux foyers. C'est le type de maison dont la répartition dans l'espace est la plus constante »8.
Ces clichés figurent une vérité, celle d'un cadre de vie paisible, simple et dépourvu du confort moderne. Le dénuement des maisons échappe à la mise en scène, ainsi qu'on peut l'observer sur plusieurs vues. D'une façon générale, Arnaudin étudie spécifiquement chaque bâtiment de l'airial. S'il porte tout naturellement une attention particulière à l'habitat, il n'exclut cependant pas de sa recherche les autres infrastructures dédiées aux activités agro-pastorales : fermes, étables, granges diverses.
Arnaudin Maison de Tartas - Le Mineur (Sabres) circa 1907
L’œuvre du photographe traite aussi bien les emblématiques maisons de maître que celles des métayers. Les échantillons collectés permettent avant tout d'établir une comparaison entre ces formes d'habitat. Avec un certain bonheur, Félix se plait à décrire la matérialité des masures. Cette préoccupation s'observe sur de nombreux clichés figurant notamment des pans de mur délabrés ou, plus couramment, des façades aux badigeons de chaux délavés :
« Le colombage avec remplissage de torchis apparaît très prépondérant. Mais on observe aussi de nombreux bâtiments appareillés en moellons de garluche, particulièrement sur la communes de Commensacq où ce matériau abonde. [...] Les toits d'habitation des maisons sont toujours recouverts en tuiles canal impliquant une faible pente : ils comportent deux, trois ou quatre versants de surface inégale parfois »9.
Ce souci du détail, le photographe le cultive avec soin. En ce sens, son travail peut être rapproché du courant littéraire et pictural du Réalisme. L'habitat est décrit avec un soin méticuleux. Ce portrait authentique évacue toute idée d'abondance, pour laisser une grande place à l'austérité. Le dénuement de ces fragiles maisons dépourvues de confort n'est pas qu'un motif, c'est un instantané qui fige le quotidien de la société rurale landaise. Arnaudin donne ici au contemporain plusieurs clefs de lecture, permettant d'interpréter l'univers des habitants du pays.
Il est difficile d'expliciter les motivations exactes qui ont poussé Arnaudin à dresser cet inventaire. Bien que son étude de l'architecture vernaculaire tende vers l'objectivité, elle ne parvient cependant pas totalement à s'affranchir de la dimension pittoresque. Cette quête serait-elle animée par une appréhension ? Celle, probablement d'assister avec impuissance et lucidité, à la disparition de ces demeures. L'artiste n'a laissé dans ses carnets aucune piste permettant de connaître ses critères de sélection.
Le corpus fut alimenté de manière irrégulière, ce qui tend à prouver qu'Arnaudin n'accordait au patrimoine bâti qu'un intérêt secondaire. Il semble qu'il ait renoncé à entreprendre une nouvelle étude qui aurait été trop ambitieuse. La sélection qu'il lègue à la postérité constitue désormais une base documentaire de premier ordre pour la connaissance des historiens. En effet, outre le fait que ce témoignage donne de précieuses informations sur l'aspect original des maisons, il met aussi en évidence la disparition de nombreuses métairies. Le support iconographique permet de considérer sous un angle différent l'étude du patrimoine rural landais.
Édifices religieux et petit patrimoine
Églises et chapelles:
Les églises paroissiales (voir Liste des églises des Landes) occupent le centre des bourgs et d'autres édifices plus modestes, tels que les chapelles, sont isolées en périphérie des quartiers et peuvent être des lieux de pèlerinage.
Il y a deux types d'architecture pour ces édifices : soit des églises ou chapelles avec un clocher-mur ajouré possédant une galerie en bois protégeant les cloches, soit les églises ou chapelles avec un clocher-tour massif de plan carré (ex : église de Bias)10.
Sources et fontaines:
Les Landais ont toujours favorisé les fontaines (voir Fontaines des Landes), mais rarement pour l'usage domestique. On prête des vertus curatives, voire miraculeuses, à l'eau des fontaines. Les eaux sont censées soulager toutes sortes de maladies et douleurs, notamment celles concernant la peau et les articulations. C'est cette croyance qui fonde le thermalisme aujourd'hui.
Les sources et les fontaines sont très fréquentées au XIXe siècle et chaque commune en possède. Le plus souvent elles se situent en des lieux isolés, au creux d'un vallon (Ychoux, Escource, Sabres (Landes) parmi les photographies de Félix Arnaudin) ou à proximité d'une chapelle (Bourricos), ou plus rarement en lisière d'un bourg (Commensacq).
Elles sont surtout fréquentées à l'occasion de la fête du Saint Patron auquel elles sont consacrées et dont elles portent le nom : Sainte Quitterie (22 mai), Saint Michel (archange) (29 septembre), Saint Roch (16 août). Félix Arnaudin en dira dans les Chants populaires de la Grande-Lande : « Avec l'animation et le bruit dont s'emplit brusquement ce recoin si désert et silencieux d'ordinaire, l'incessant va-et-vient des dévots et des promeneurs aux abords de la fontaine guérisseuse, la procession s'y rend, aux sons grêles et trébuchants de la minuscule cloche mêlés aux accents d'un cantique débordant de mystique allégresse... »12. Une modeste croix en bois ou des ex-voto en signalent la présence10.

Bornes de sauveté
Les bornes de sauveté délimitent à l'époque médiévale un territoire censé être sous la protection d'un établissement monastique. En plus de celles-ci, Félix Arnaudin a également photographié des Pierres-bornes, indiquant une limite de parcelle. Il nous reste aujourd'hui les bornes de sauveté de Lüe, de Saint Girons et de Mimizan.
Les bornes de sauveté de Luë sont quatre bornes circulaires surmontées chacune d'une croix de pierre, disposées à une centaine de mètres du sanctuaire. Elles délimitaient au XIVe siècle les limites de l'asile où pouvaient se réfugier les hommes10.
Moulins
La lande possédait ces moulins : moulins à eau, moulins à vent, moulins à grains, moulins à puddler le fer. Mais la quasi-totalité des moulins des Landes photographiés par Félix Arnaudin (à une exception près, le moulin à vent de Biscarosse, aménagé en résidence secondaire) ont disparu, à cause du milieu fragile dans lequel ils se trouvent. Mais aussi, le boisement systématique des Landes en pin maritime, qui a eu pour effet d'arrêter le vent. Félix Arnaudin a photographié 14 moulins à eau. Cela ne représente qu'une petite partie des très nombreux moulins qui existaient dans la Grande-Lande au XIXe siècle.
Ces moulins possèdent des particularités qui fondent l'identité des Landes. Ils sont en grande majorité construits essentiellement en bois (colombage avec remplissage de torchis ou de tuilots), reposant sur 4 à 7 piliers en chêne, selon leur volume. Certains moulins sont entièrement construits en murs de planches (ex : moulin de Darmuzey à Parentis-en-Born, moulin de Labrit à Pontenx-les-Forges). Plus rarement, on trouve des moulins comportant une ou deux arches en partie basse pour permettre le passage de l'eau (ex : moulin de Cantegrit à Commensacq, moulin de Barrouilh à Saugnacq). Généralement, le moulin est édifié sur un plan carré avec une toiture en pavillon à 4 versants égaux (moulins de Moulioc à Sabres (Landes), moulin de Notre-Dame à Mimizan, moulin de Callède à Trensacq, moulin de Barbut à Sabres). Certains moulins sont sur plan rectangulaire avec une toiture à 3 versants (moulin-neuf à Sabres, moulin de Darmuzey à Parentis-en-Born). On trouve également un modèle plus simple avec une toiture à 2 versants (moulin Dupouy à Lüe, moulin de Rotgé à Sabres (Landes)). Tous ces moulins possèdent une couverture à faible pente, en tuile canal. Sur la zone littorale, les moulins à vent exposés aux vent d'Ouest sont des édifices circulaires appartenant au type le plus simple du moulin tour bâti en moellons, parfois surmonté d'un bardage (parement) de bois13.
Scènes de vie
Le travail de Felix Arnaudin en tant qu’ethnologue se reflète dans son œuvre photographique. À travers elle, il témoigne de l’histoire sociale et sociétale de son temps, dans les Landes. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le territoire des Landes est un territoire agricole qui repose sur l’élevage et les champs cultivés14. Ce thème des travaux agricoles a été richement illustré par plusieurs séries de photographies de la part de l'artiste. Celles-ci ont été réalisées dans un rayon de 10 kilomètres autour de Labouheyre. Félix Arnaudin immortalisa le quotidien de la population, avec par exemple les moments de loisirs ou alors le travail dans les champs de céréales, véritable lieu de travail collectif illustrant la sociabilité des quartiers. Felix Arnaudin met en scène des hommes, des femmes et des enfants dans leur environnement pour recréer une activité ou une ambiance traditionnelle.
Les travaux des champs ne sont pas les seuls à faire l'objet de photographies. En effet, Arnaudin s’attache particulièrement au travail des femmes, avec notamment une importante série consacrée à la lessive du linge, que ce soit au lavoir ou au bord d’un ruisseau. Il s’intéresse à la dimension sociale dans la production textile locale. Celle-ci permet à la population d’avoir du linge de maison. Les éléments de costumes viennent, quant à eux, de régions voisines ou plus éloignées par le biais de foires ou marchés. Le linge de maison est le principal signe de richesse de ces populations.
Toutefois, bien que l'artiste veuille témoigner d'une réalité sociale, celle-ci peut parfois s'avérer faussée. Les attitudes des personnages ne sont pas toujours naturelles ou spontanées, ils posent souvent pour le photographe, et ces poses sont étudiées préalablement. Il y a une mise en scène de la composition et des attitudes pour servir l’esthétisme du cliché. En outre, l’objectif d’Arnaudin est la recherche d’une harmonie comme le montre un cliché, intitulé Fileuses, pris le 13 avril 1893. Félix Anaudin y met en scène une veillée où plusieurs femmes filent le chanvre ou le lin. Ce cliché est d’autant plus intéressant que pour la première fois dans son Œuvre Arnaudin photographie en intérieur. Là aussi la scène manque de spontanéité, car le photographe a disposé divers objets pour recréer un intérieur réel, dans une maison délaissée et sans toit. Ces éléments se retrouvent également dans ses portraits.
Portraits
Les portraits forment une série majeure de l’œuvre photographique de Felix Arnaudin, comme peuvent en témoigner les deux cent-trente négatifs15 sur verre conservés au musée d’Aquitaine. Arnaudin réalise des portraits individuels, des portraits de groupes et des portraits familiaux mêlant toutes les générations. Hommes, femmes et enfants posent debout ou assis, la plupart du temps en extérieur. Les habitants des landes qui posent pour le photographe sont aussi bien des personnes issues de la société paysanne parfois très pauvre que des personnes plus aisées telles que des notables de la bourgeoisie rurale. Avant d’être photographiée, chacune de ces personnes revêt des vêtements corrects traditionnels, voire ses habits du dimanche. En outre, Arnaudin produit des clichés sur sa famille et ses proches, notamment Marie, sa compagne, qu'il photographie parfois « en cheveux » montrant ainsi son intimité avec cette femme.
Dans tous ses portraits, il prête une grande attention au décor restant d’une grande sobriété. Les personnages sont souvent placés devant un drap blanc. Quelque fois un deuxième linge est étendu sur le sol. Certains habitants posent parfois dans un environnement plus identifiable, dans un jardin, devant le mur d’une maison ou devant une porte. Il s’agit de portraits authentiques bien que Felix Arnaudin, là encore, mette en scène ces personnages pour ne rien laisser au hasard. Dans ces portraits, agrémentés quelquefois d’accessoires (tels un parapluie, un jouet ou une chaise), les attitudes des habitants sont choisies par le photographe. Bien souvent, les habitants ne sont pas habitués à se faire photographier. Leurs expressions sont alors sérieuses même si certains esquissent parfois un sourire.
Enfin, Felix Arnaudin témoigne d’une certaine fascination pour la mort avec la réalisation de plusieurs clichés de personnes et de chiens de chasse décédés. Il photographie par exemple, une femme, un nouveau-né portant sa robe de baptême ou encore un suicidé allongé sur un matelas au sol. Ainsi, ces photographies, appelées « physionomies du passé », sont un témoignage d’un mode de vie exposant notamment les tenues vestimentaires et la vie en communauté.


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